D’abord, qu’est-ce que la chasteté ?
La chasteté est une vertu morale qu’on peut définir encore comme la manière humaine la plus équilibrée d’assumer et de vivre sa sexualité. Elle est « un dynamisme qui intègre instinct et plaisir sexuels, affectivité et passion amoureuse, relation aux autres respectés dans leur différence. » [1] Il s’agit de donner un véritable sens à sa vie affective et sexuelle en réprimant tout ce qu’il y a de désordonné dans les jouissances charnelles.. Ce qui est premier, c’est la capacité de l’être humain à demeurer maître de ses pulsions, sans jamais les laisser devenir étouffantes. Toutefois la chasteté recouvre un domaine plus vaste que les seules activités génitales. Elle s’exerce dans deux contextes différents : dans le mariage et hors du mariage.
Dans le mariage la chasteté consiste à considérer positivement plaisir sexuel et affectivité amoureuse en les mettant au service d’une authentique relation aux autres désirés et aimés pour eux-mêmes. L’homme ou la femme chaste renonce à réduire l’autre à un moyen pour obtenir sa seule jouissance. Dans ce contexte elle est également définie comme : « une vertu morale qui réfrène et domine les appétits sexuels et les ordonne en vue du but pour lequel Dieu les a voulus : la procréation des enfants dans un mariage légitime » [2]
En dehors du mariage la chasteté consiste en l’abstention stricte de relations sexuelles.
Son observance nous est commandée par la Parole de Dieu : « (…) Que chacun de vous sache user du corps qui lui appartient avec sainteté et respect, sans se laisser emporter par la passion comme font les païens qui ne connaissent pas Dieu. » [3] Comme dit encore un auteur, Laurent Boisvert : « la chasteté est la maîtrise libérante des pulsions sexuelles ».
La vertu de chasteté appelle à donner un véritable sens à la vie affective et sexuelle. C’est la capacité de l’être humain à demeurer maître de ses pulsions. Elle suppose une attention à l’autre, un respect de son propre corps et du corps de l’autre. Sans oublier ce qu’a dit Jésus concernant le péché d’adultère : « (…) Quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, dans son cœur, l’adultère avec elle » [4]. La chasteté engage la personne à intégrer la sexualité dans le cadre plus vaste d’un amour généreux, vrai et gratuit.
Ce n'est pas pour le simple plaisir que l'Eglise recommande la chasteté à ses enfants. C'est une conviction qu'elle porte par rapport à la valeur qu'elle accorde à la relation sexuelle. Elle voit en effet à travers l’acte sexuel, non pas seulement deux corps physiques qui se rencontrent en vue de se satisfaire, mais plus encore la rencontre de deux volontés qui s’expriment librement en se donnant l'une à l'autre.
Dans la relation sexuelle "vraie" les deux conjoints, à travers leur corps, accomplissent leur amour. Il s'agit en ce moment d'un amour si intense que chacun voudrait se fondre en l'autre et réaliser ainsi l’union dans le mariage qui fait des conjoints « une seule chair » (Cf. Gn 2,24). Pour l'Eglise, en arriver à cet acte sacré doit être très significatif. L’accomplir sans s'être engagé dans le lien sacré du mariage est donc comme un mensonge, une contradiction, où l’on court le risque de prendre ses sentiments, souvent passagers, pour un amour vrai. Ce qui revient à banaliser un acte hautement significatif. C'est cette tromperie que l'Eglise voudrait éviter à ses enfants. De plus, ce mensonge pourrait, chez certains sujets, provoquer un trouble psychologique et compromettre plus tard dans leur vie conjugale leur épanouissement et leur équilibre sexuel. C’est pourquoi ce temps d’attente donnera aux jeunes, s’ils apprennent à se garder en vue de se donner totalement et définitivement le moment venu, de parvenir à la maturation de leur personnalité [5]. Toutefois la chasteté ne prévaut pas seulement avant le mariage. C’est une exigence de toujours, une vertu chrétienne permanente qui s’impose à tous : mariés, célibataires et futurs mariés.
Chez les baptisés vivant dans le célibat consacré, elle prend la forme de la continence parfaite qui est l’abstention de tout acte sexuel et de tout autre acte en vue de se procurer le plaisir sexuel.
Dans le mariage, elle s’exprime par l’abstention de tout acte sexuel avec une personne autre que son conjoint et par la maîtrise des rapports sexuels entre époux, notamment dans l’observance de la continence périodique, comme dans le cadre d’une régulation des naissances par les méthodes naturelles. Elle permet également au couple d’être en harmonie d’esprit et de corps dans l’accomplissement de l’acte conjugal.
Notes :
[2] Père Noël Barbara, Catéchèse catholique du mariage, Tours, Editions Forts dans la foi, 1994, p. 210, G.233.
Abbé Jacob YODAArchidiocèse de Ouagadougou
Novembre 2009