Chers amis, la lettre de l’apôtre Pierre et l’évangile de Jean nous plongent ce dimanche dans l’atmosphère d’un procès. « Soyez prêts à tout moment à présenter une défense », écrit saint Pierre, qui évoque les « adversaires » auxquels les chrétiens feront face. Quant à Jésus, il promet dans l’évangile que le Père « nous donnera un autre défenseur » (ce qui signifie « avocat »), c’est-à-dire l’Esprit Saint. Si ce thème du procès nous surprend au premier abord, il rejoint sans doute une impression que nous connaissons : celle d’être mis en accusation en tant que chrétiens. Devoir se justifier d’être chrétien, c’est sans doute une expérience que nous avons déjà faite : parce qu’on nous interroge sur le contenu de notre foi ou les choix qu’elles nous inspire, ou encore parce qu’on nous rappelle les péchés commis par des prêtres et des baptisés ou les grands malheurs auxquels Dieu semble rester insensible...
Si le Nouveau Testament évoque cette réalité du procès fait aux chrétiens, c’est qu’il s’agit d’une question permanente, qui se pose et se posera tout au long de l’histoire de l’Église : celle-ci est souvent en position d’accusée. Ce n’est pas propre à notre époque ! Mais les textes bibliques ne se contentent pas d’un constat, ils lancent aussi une invitation. Partons pour cela d’un avertissement donné par l’apôtre Pierre : « mieux vaudrait souffrir en faisant le bien (...) plutôt qu’en faisant le mal». «Souffrir en faisant le bien», c’est supporter une accusation alors que nous sommes innocents : on nous reproche notre persévérance dans la foi, notre vie de prière, nos engagements auprès des autres... « Souffrir en faisant le mal », c’est subir une accusation à juste titre : il arrive que les chrétiens soient en effet coupables. Certains des procès intentés aux chrétiens sont fondés.Commençons par les accusations justifiées. Face à elles, nous pouvons rechercher une double attitude, faite d’humilité et de discernement. L’humilité, c’est reconnaître qu’il existe d’innombrables péchés qui défigurent l’Église. Parfois elle n’a pas été seulement accusée, mais aussi accusatrice. Parfois elle a toléré en son sein des horreurs. Parfois les chrétiens ont tenu des propos tellement inappropriés... L’humilité permet aussi d’entamer un discernement: qu’est-ce qui, dans telle accusation, est authentique ? Qu’est-ce qui est juste, qu’est-ce qui est exagéré, voire franchement faux ? Prendre le temps de ce discernement, c’est aimer et servir la vérité.
Quant aux accusations injustifiées, elles ne pèsent pas sur nous à cause de nos péchés, mais parce que nous vivons dans un monde où beaucoup ne veulent ni du Christ, ni du salut, ni de la parole de Dieu... Saint Pierre suppose que nous serons sans cesse accusés, ou tout simplement questionnés. Voilà pourquoi il lance un appel : « Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect. » Face à l’accusation injuste, c’est à nouveau une double attitude qui peut nous inspirer. Il y a d’abord l’attitude du serviteur. Que nos actes, notre manière de servir et d’accueillir, notre amour capable de pardonner et de persévérer, soient notre défense. Jésus lui-même a souvent dialogué avec ses accusateurs en faisant référence à ses propres actes. L’autre attitude, c’est celle du témoin, capable de « rendre raison de l’espérance qui est en lui ». Passer de la position d’accusé à celle de témoin, c’est reconnaître que le véritable accusé, c’est Jésus. Les insultes que nous subissons s’adressent en réalité à lui. Nous pouvons alors, non pas rendre coup pour coup, mais partager paisiblement notre espérance ; expliquer ses raisons d’être ; raconter les passages de la Bible et les moments de notre existence sur lesquels cette espérance s’appuie... car si l’espérance des chrétiens est étonnante, elle n’est pas absurde !
Ces attitudes de serviteur et de témoin n’ont pas leur source en nous-mêmes, mais dans l’accueil de l’Esprit Saint. Ces manières d’être ne sont pas acceptées par tout le monde, loin de là. C’est pourquoi Jésus dit qu’il priera pour que nous recevions l’Esprit Saint : l’accueillir n’a rien d’évident. L’Esprit Saint nous donnera le goût de la vérité, il inspirera nos actes de service et de témoignage. À travers tout cela, l’Esprit accomplit en nous la même œuvre qu’en Jésus. À la suite de Jésus « mis à mort dans la chair » puis ressuscité, nous sommes nous aussi « vivifiés dans l’Esprit ». L’Esprit Saint est notre « défenseur » parce qu’il nous donne une vie qui dépasse la mort et qui se reflète déjà dans notre quotidien. Face à tout procès, c’est la source de notre paix.
Dimanche 17 mai 2020
Proposée par le Père François et le Père Bruno.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire